A l’origine du projet
Qui étaient les Français déportés à Auschwitz ? C’est en partant de cette question que nous, les élèves de Terminale Relation Client, nous sommes lancés à la recherche des déportés Saumurois de la Seconde Guerre Mondiale. Premier constat, parmi ceux-ci figuraient des personnes qui avaient fui la montée du totalitarisme dans leur pays et étaient venues se réfugier en France. La conclusion était sans appel : ils avaient été considérés étrangers par leur pays d’origine et pas assez français par la France. Ils étaient donc les grands oubliés de l’Histoire, dénigrés par l’historiographie de chacun des pays.
Nous avons donc décidé de remédier à cette injustice : nous allions documenter la vie de ces personnes et partir sur leurs traces, jusque sur le lieu de leur disparition, à Auschwitz.
Le grand départ
Ainsi, le 20 février dernier, c’était le grand départ : train jusqu’à Angers, puis changement jusqu’au Mans et enfin Paris Charles de Gaulle. Dans l’avion, direction Cracovie, nous repensions à ceux qui avaient, selon des modalités bien différentes, fait le même trajet, depuis Saumur vers la Pologne.
A l’auberge, nous nous installions à 3 ou 4 par chambres, juste le temps de tout déposer avant le dîner. Et c’est dès ce premier repas que nous découvrions ce qui allait être notre quotidien tout au long du séjour : la soupe et les patates ! Pour le reste du planning, ce serait un mix entre le mémoriel et le culturel.
Le voyage mémoriel
Dès le 21 février, nous allions repartir sur les traces de l’histoire des Juifs d’Europe pendant la seconde guerre mondiale. Au programme, visite du quartier de Kazimierz, l’ancien quartier juif de Cracovie. Le quartier tient son nom du roi polonais Casimir le Grand, celui qui avait autorisé les Juifs à venir s’établir dans une ville proche de Cracovie, de l’autre côté du fleuve (la Vistule) au XIVe siècle. Aujourd’hui, cette ancienne ville fait partie intégrante de Cracovie mais sa population a bien changé : alors qu’elle abritait près de 65 000 Juifs à la veille de la guerre, soit un quart de la population totale, il ne reste plus aujourd’hui que 200 Juifs dans la ville qui compte, elle, 750 000 habitants en tout. Pour comprendre comment on est passé de l’un à l’autre, la visite de l’après-midi allait nous donner la réponse : direction le ghetto de Cracovie. Là, 3000 personnes avaient été expulsées pour laisser la place à presque 20 000 Juifs qu’on a entassés dans des conditions inhumaines. Ceux qui n’étaient pas jugés utiles, c’est-à-dire dont on n’avait pas besoin pour le travail, étaient déportés et tués. C’est ce fragment d’histoire que nous avons abordé au musée Schindler la même journée. Suite du programme mémoriel, et pas des moindres : Auschwitz.
Le lendemain, 22 février, nous nous sommes rendus sur les deux camps d’Auschwitz-Birkenau. Point final du parcours de déportation pour la quasi-totalité des Juifs qui y sont envoyés, le lieu est lourd de sens pour nous qui avons étudié la vie des déportés. Nous avons pu y voir les cellules de punitions, dans lesquelles les Juifs étaient enfermés à 5 dans 1m² ou encore les barraques dans lesquels ils étaient entassés. La potence est encore présente dans le camp, comme un symbole de l’inhumanité avec laquelle étaient traités tous ces gens. Au second camp d’Auschwitz, l’horreur : des barraques avec des lits superposés et à chaque niveau, entre 6 et 8 personnes partageaient une paillasse qui leur servait de matelas. Dans la barraque des toilettes, nous nous sommes rendu compte des conditions d’hygiène dans lesquelles ils vivaient : sans intimité, dans la saleté et la maladie. Enfin, point de chute de notre visite mais aussi des déportés : les chambres à gaz et les fours crématoires. Avant la libération du camp, les Allemands avaient essayé de cacher leurs traces et avaient dynamité les fours. Aujourd’hui, il reste des morceaux d’architecture qui témoignent encore de l’ignominie nazie.
Le voyage culturel
Sur une note plus légère, le séjour a aussi été pour nous une ouverture culturelle : dans un autre pays, hormis la langue et la monnaie, les pratiques aussi sont différentes. Nous en avions déjà eu une preuve avec la nourriture. Encore de la soupe et des patates ! Le vendredi matin, visite de la vieille ville de Cracovie : le château, les ruelles médiévales, la faculté et la halle aux draps. Arrivés devant la basilique, sur la place centrale, nous avons même eu la chance d’assister à la performance du trompettiste, qui sonne toutes les heures, de jour comme de nuit. A l’intérieur de la basilique, un retable, véritable œuvre d’art : volé durant la seconde guerre mondiale par les Allemands, il a ensuite été restitué à la Pologne. Comme quoi, le volet mémoriel n’est jamais bien loin.
L’après-midi, changement de décor : départ pour la mine de sel de Wieliczka. Après avoir descendu presque 400 marches, nous débouchons à 135m de profondeur dans les galeries de la mine. Ici, tout est en sel, et la guide nous a même invité à nous en assurer en…léchant les murs… ! En tout, presque 3km de visite pour un site qui a compté en tout plus de 200km de galeries. En dehors des statues et des éclairages eux-mêmes faits en sel, c’est l’ensemble de ce que nous avons vu qui en est constitué : le dallage, taillé directement, et même une véritable cathédrale ! Certaines salles ont même des dimensions plus qu’impressionnantes, avec quelques 36m de hauteur. Et pour finir la visite : repas dans la mine (oui oui, à 135m sous terre !) avec, surprise, de la soupe et des patates.
Le retour
Le lendemain, dernier jour en Pologne avec une matinée emplettes, le temps de faire les derniers achats de souvenirs. Ensuite, départ pour l’aéroport, un peu d’attente à cause d’un retard et arrivée en France. Là, le bus nous attendait pour les 4 dernières heures de notre périple : retour à Saumur, des images plein la tête et des souvenirs qui ont rendu palpables les cours d’Histoire.
Les élèves de TRC.